Un an plus tard, arrivée à Lima. Au départ, rien à voir avec le football. Mais les bonnes habitudes ont la vie dure, et un ballon finit toujours par nous rattraper. Surtout lorsqu'on loge près d'un terrain. Tatanes aux pieds, ballon à la main, le Pérou va voir de quel bois se chauffe un européen ! L'occasion également de découvrir le fameux fulbito : une partie à cinq ou six sur une cancha, un terrain en béton qui invite plus au dribble qu'au tacle. Quoique.
L'intégration est facile. Le football, langage universel ! Après quelques petits-ponts, après quelques petits coups, et quelques jolis buts, nous parlons avec Victor, trente-huit ans, et coach des jeunes avec qui l'on joue. Prof de sport dans le quartier (Surco et ses quelques 200 000 habitants), mais également éducateur d'une équipe de jeunes de la U (Club Universitario de Deportes), l'un des trois grands de Lima.
Les gamins ont entre 13 et 17 ans, et sont tous du quartier. Tous issus de milieux modestes, ils sont une quinzaine a faire partie de cette équipe informelle qui se nourrit de rencontres amicales et désorganisées. Victor fait payer un ou deux soles pour les entrainements ou les matchs, mais les gamins ne jouent le jeu que rarement. Difficile de construire quelque chose de durable, dans un pays où prolifèrent les complexes privés et assez chers, et où les terrains municipaux ne peuvent être que loués.
L'idée d'un partenariat germe alors. Plusieurs réunions plus tard, la machine est en branle et les gamins contemplent avec des grands yeux avides, les nouveaux maillots flambant neufs et identiques à ceux de leur club parrain. Ils s'appelleront désormais l'Excelsior Lima. Toute une symbolique dont ils tirent une réelle fierté. L'impression que quelque chose se passe. D'autant qu'on n'en reste pas là. Pour inaugurer les nouveaux maillots, une première rencontre « officielle » est organisée. Par l'entremise de Victor, nous nous apprêtons à affronter une des équipes de la U. Les semaines précédant le match voient l'excitation grimper. Cela se sent à l'entrainement.
10 novembre, 9 heures du matin : embarqués dans un taxi (à 9 !), nous roulons vers le match. Ça piaille sévère côté joueur. Arrivée sur place, on attaque d'entrée l'échauffement, à la française. Les adversaires sont quinze, nous sommes sept. Un détail. Le discours d'avant match est rudimentaire : « liberté créatrice », « passes », « repli défensif »... et surtout de l'envie ! Là-dessus, pas de problème. Nos plus petits gabarits compensent avec malice et détermination. A la mi-temps le score est de 4 à 3 pour la U. La deuxième voit la remontada des blancs, qui grâce à deux exploits individuels de Bryan et une bicyclette de Guiseppi prennent l'avantage, qu'ils ne lâcheront plus. Score final : 8-7. Champagne.
Le retour est joyeux. Les gamins ont gagné leur premier match officiel avec leurs nouveaux maillots. Ils iront se rincer l'il sur des magazines pour adultes pour fêter ça, au détour d'un kiosque. Désormais, il va s'agir de trouver des fonds pour l'inscription au championnat, et disposer d'un créneau sur un terrain de foot à onze. Trouver des éducateurs également, qui pourront continuer de véhiculer l'état d'esprit Tatane après notre départ. El juengo limpio (le plaisir du jeu) avant tout. De notre côté, nous pérenniserons le partenariat, avec une aide financière dans la limite de nos moyens, matérielle (envoi de matériel) et logistique (sur la gestion et l'organisation). Subventions aidant, un jour peut-être, un des bambinos pourra venir en France goûter au football continental. L'expérience fait l'homme ; et le football est une sacrée expérience.
Tatanement vôtre, L'Excelsior.
David de l'équipe Tatane
L'intégration est facile. Le football, langage universel ! Après quelques petits-ponts, après quelques petits coups, et quelques jolis buts, nous parlons avec Victor, trente-huit ans, et coach des jeunes avec qui l'on joue. Prof de sport dans le quartier (Surco et ses quelques 200 000 habitants), mais également éducateur d'une équipe de jeunes de la U (Club Universitario de Deportes), l'un des trois grands de Lima.
Les gamins ont entre 13 et 17 ans, et sont tous du quartier. Tous issus de milieux modestes, ils sont une quinzaine a faire partie de cette équipe informelle qui se nourrit de rencontres amicales et désorganisées. Victor fait payer un ou deux soles pour les entrainements ou les matchs, mais les gamins ne jouent le jeu que rarement. Difficile de construire quelque chose de durable, dans un pays où prolifèrent les complexes privés et assez chers, et où les terrains municipaux ne peuvent être que loués.
L'idée d'un partenariat germe alors. Plusieurs réunions plus tard, la machine est en branle et les gamins contemplent avec des grands yeux avides, les nouveaux maillots flambant neufs et identiques à ceux de leur club parrain. Ils s'appelleront désormais l'Excelsior Lima. Toute une symbolique dont ils tirent une réelle fierté. L'impression que quelque chose se passe. D'autant qu'on n'en reste pas là. Pour inaugurer les nouveaux maillots, une première rencontre « officielle » est organisée. Par l'entremise de Victor, nous nous apprêtons à affronter une des équipes de la U. Les semaines précédant le match voient l'excitation grimper. Cela se sent à l'entrainement.
10 novembre, 9 heures du matin : embarqués dans un taxi (à 9 !), nous roulons vers le match. Ça piaille sévère côté joueur. Arrivée sur place, on attaque d'entrée l'échauffement, à la française. Les adversaires sont quinze, nous sommes sept. Un détail. Le discours d'avant match est rudimentaire : « liberté créatrice », « passes », « repli défensif »... et surtout de l'envie ! Là-dessus, pas de problème. Nos plus petits gabarits compensent avec malice et détermination. A la mi-temps le score est de 4 à 3 pour la U. La deuxième voit la remontada des blancs, qui grâce à deux exploits individuels de Bryan et une bicyclette de Guiseppi prennent l'avantage, qu'ils ne lâcheront plus. Score final : 8-7. Champagne.
Le retour est joyeux. Les gamins ont gagné leur premier match officiel avec leurs nouveaux maillots. Ils iront se rincer l'il sur des magazines pour adultes pour fêter ça, au détour d'un kiosque. Désormais, il va s'agir de trouver des fonds pour l'inscription au championnat, et disposer d'un créneau sur un terrain de foot à onze. Trouver des éducateurs également, qui pourront continuer de véhiculer l'état d'esprit Tatane après notre départ. El juengo limpio (le plaisir du jeu) avant tout. De notre côté, nous pérenniserons le partenariat, avec une aide financière dans la limite de nos moyens, matérielle (envoi de matériel) et logistique (sur la gestion et l'organisation). Subventions aidant, un jour peut-être, un des bambinos pourra venir en France goûter au football continental. L'expérience fait l'homme ; et le football est une sacrée expérience.
Tatanement vôtre, L'Excelsior.
David de l'équipe Tatane