L'Olympique lyonnais (OL) est un club à part. Je le sais, j'y ai joué pendant cinq saisons. Il a régné sur le championnat de France comme un roi sur son domaine en se gavant de sept titres nationaux consécutifs, de 2002 à 2008. Ogre insatiable, il n'a laissé aux autres que les miettes de son festin. On a apprécié cet OL-là. On a aimé voir jouer ces différentes équipes comme on a aimé regarder Arsenal ou le Milan AC.
Si tous ces clubs font plaisir, c'est parce qu'ils ont une identité, une patte, une marque de fabrique et des joueurs estampillés "formé au club". C'est ce qui fait toute la différence entre une équipe, bâtie à coups de centaines de millions de roubles ou de riyals qataris, et un club.
Au fil des saisons, l'Olympique lyonnais a évolué mais il a gardé sa base. Au confluent du Rhône et de la Saône, ce socle porte un nom : Jean-Michel Aulas. Il est au club ce que le mistral est à la Provence : un élément incontournable. Il décoiffe, dérange parfois mais rafraîchit le fond de l'air. Il annonce des lendemains qui chantent, mais il attise aussi les incendies.
Quand Jean-Michel se met à souffler, on notera que c'est aussi par rafales. Mais lui ne s'engouffre pas seulement dans la vallée du Rhône. Depuis qu'il a un smartphone, il emprunte une voie de communication qui est à l'échelle planétaire : Twitter !
Jean-Michel Aulas est le roi de l'OLas Land mais aussi du tweet fulgurant. Un état d'âme, une pensée : il dégaine son portable pour l'envoyer le plus loin possible, bien au-delà de Fourvière. Son compte est authentifié, marqué d'un sceau : Jean-Michel AULAS Compte certifié@JM_Aulas Président de l'OL. Il compte 60 000 sujets, 60 000 followers. Son armée attend chaque jour un dérapage contrôlé, un tacle par-derrière, un règlement de comptes, un début d'embrouille... Tout cela en 140 signes. C'est l'époque qui veut ça ! Nabila n'a qu'à bien se tenir. Aulas régale tout le monde, fait le buzz !
Un jour, Jean-Michel Aulas a rêvé de gagner la Ligue des champions. C'était il y a longtemps. Avec lui, il y avait tous les Lyonnais, tous les Français. Mais la compétition lui a échappé, et il y a de grandes chances maintenant que le PSG ou Monaco rapportent la Coupe aux grandes oreilles avant lui. La semaine dernière, rebelote. L'OL a probablement laissé filer une nouvelle occasion : battu 2-0 à domicile par la Real Sociedad, le club rhodanien voit s'éloigner la plus prestigieuse des compétitions européennes, et presque lui passer sous le nez les 20 millions d'euros qui lui sont promis...
Dès le coup de sifflet final, on imagine ses twittos dans une attente insoutenable, en train de jeter des coups d'oeil furtifs vers leur iPhone. Quelle serait la réaction électronique de leur Jean-Mimi après l'amère défaite ? Il a fallu attendre. A l'extérieur du salon, une voix se faisait pressante. "Oh, tu viens te coucher ? Le match est fini..." "Euh... Non, j'attends la fin de la pub !" Certains avaient zappé. "Attends... je regarde un docu sur les fourmis dans le sud de l'Arizona. Tu savais qu'il y avait plusieurs reines dans une même fourmilière ?"
Le roi de l'OL s'est fait un peu désirer. Il devait avoir la gorge sèche, l'index un peu raide sur le clavier : "Les pleurnichards sont de retour. Un peu de recul on en parle mercredi et bravo à la Real S qui est une vraie bonne équipe." Président, continuez à tweeter !
Par Vikash Dhorasoo
Si tous ces clubs font plaisir, c'est parce qu'ils ont une identité, une patte, une marque de fabrique et des joueurs estampillés "formé au club". C'est ce qui fait toute la différence entre une équipe, bâtie à coups de centaines de millions de roubles ou de riyals qataris, et un club.
Au fil des saisons, l'Olympique lyonnais a évolué mais il a gardé sa base. Au confluent du Rhône et de la Saône, ce socle porte un nom : Jean-Michel Aulas. Il est au club ce que le mistral est à la Provence : un élément incontournable. Il décoiffe, dérange parfois mais rafraîchit le fond de l'air. Il annonce des lendemains qui chantent, mais il attise aussi les incendies.
Quand Jean-Michel se met à souffler, on notera que c'est aussi par rafales. Mais lui ne s'engouffre pas seulement dans la vallée du Rhône. Depuis qu'il a un smartphone, il emprunte une voie de communication qui est à l'échelle planétaire : Twitter !
Jean-Michel Aulas est le roi de l'OLas Land mais aussi du tweet fulgurant. Un état d'âme, une pensée : il dégaine son portable pour l'envoyer le plus loin possible, bien au-delà de Fourvière. Son compte est authentifié, marqué d'un sceau : Jean-Michel AULAS Compte certifié@JM_Aulas Président de l'OL. Il compte 60 000 sujets, 60 000 followers. Son armée attend chaque jour un dérapage contrôlé, un tacle par-derrière, un règlement de comptes, un début d'embrouille... Tout cela en 140 signes. C'est l'époque qui veut ça ! Nabila n'a qu'à bien se tenir. Aulas régale tout le monde, fait le buzz !
Un jour, Jean-Michel Aulas a rêvé de gagner la Ligue des champions. C'était il y a longtemps. Avec lui, il y avait tous les Lyonnais, tous les Français. Mais la compétition lui a échappé, et il y a de grandes chances maintenant que le PSG ou Monaco rapportent la Coupe aux grandes oreilles avant lui. La semaine dernière, rebelote. L'OL a probablement laissé filer une nouvelle occasion : battu 2-0 à domicile par la Real Sociedad, le club rhodanien voit s'éloigner la plus prestigieuse des compétitions européennes, et presque lui passer sous le nez les 20 millions d'euros qui lui sont promis...
Dès le coup de sifflet final, on imagine ses twittos dans une attente insoutenable, en train de jeter des coups d'oeil furtifs vers leur iPhone. Quelle serait la réaction électronique de leur Jean-Mimi après l'amère défaite ? Il a fallu attendre. A l'extérieur du salon, une voix se faisait pressante. "Oh, tu viens te coucher ? Le match est fini..." "Euh... Non, j'attends la fin de la pub !" Certains avaient zappé. "Attends... je regarde un docu sur les fourmis dans le sud de l'Arizona. Tu savais qu'il y avait plusieurs reines dans une même fourmilière ?"
Le roi de l'OL s'est fait un peu désirer. Il devait avoir la gorge sèche, l'index un peu raide sur le clavier : "Les pleurnichards sont de retour. Un peu de recul on en parle mercredi et bravo à la Real S qui est une vraie bonne équipe." Président, continuez à tweeter !
Par Vikash Dhorasoo