« Quoi de plus macho qu'un vestiaire de foot masculin? » Voilà, en une question, le propos du court-métrage de Steve Achiepo, En équipe, présenté cette semaine au festival Cinébanlieue. Pour cet acteur de 31 ans adepte de foot et de handball, tourner avec l'équipe des 15/16 ans du Football Club de Cergy-Pontoise (95), était une évidence. « À la base, je voulais des joueurs de 17/18 ans mais j'ai tellement aimé l'ambiance de ce groupe que je n'ai plus voulu voir d'autre équipe ». Se servant du milieu du foot comme enjeu central de son film, Steve Achiepo a voulu décrire « un personnage pris dans l'étau de l'effet de groupe tout en voulant sauver la face». En résumé, Bastien (Bastien Bourhis), meneur de jeu, n'a jamais couché avec une fille et n'ose pas l'avouer à ses coéquipiers. Son pote Sékou (Sékou Diarra), va l'aider à passer à l'action avec une jolie supporter venue suivre leurs entraînements. Film sur la virilité, En équipe met en avant « de nouveaux visages » (à l'exception des filles, tous les comédiens sont des joueurs de foot) et parle avant tout de l'adolescence, « cet âge des découvertes où l'on a besoin de s'affirmer ». Pas étonnant que Steve Achiepo ait eu envie de parler de cet âge-là. Lorsqu'il avait 17 ans, Thierry Henry et Lilian Thuram ont changé sa vie : « Tous les renois pourront te le dire, grâce à la Coupe du Monde de 1998, on a eu du succès avec les filles ! »
Moins dans la Coupe du Monde que son prédécesseur, le chef opérateur Nicolas Mesdom, 28 ans, a lui aussi réalisé un court mélangeant sexualité et football, également présenté au Festival Cinébanlieue. Dans La tête froide, adapté de la nouvelle L'hôte secret de Joseph Conrad, un capitaine d'équipe (Sébastien Houbani, prix d'interprétation à Clermont-Ferrand et Cabourg 2012), ressent un certain trouble à l'arrivée d'un joueur concurrent (Isaï Sultan), ancien capitaine viré de Saint-Étienne. Tourné avec les aspirants Girondins du club SAM de Mérignac (33), La tête froide met en avant deux acteurs au sein d'une équipe déjà constituée « J'avais envie de parler de la façon dont on peut vivre la découverte de son homosexualité à travers le foot, explique Nicolas Mesdom. Il y a forcément une gêne qui s'installe parce que le rapport d'amitié virile est faussé ». Lui qui a vécu avec un « archi fan » de foot, cite aisément Pasolini ou Godard comme cinéastes marqués par le ballon rond. Et regrette que TV5 Monde Moyen-Orient n'ait pas programmé son film à cause d'un baiser : « Je ne voulais pas tomber dans l'écueil de la scène de douche du cinéma gay ».
Pour filmer les entraînements, Nicolas Mesdom a alterné plans fixes et caméras épaule pour mettre acteurs et joueurs sur un pied d'égalité : « Crier ''Action !'' gênait les joueurs alors on les laissait s'entraîner et on faisait signe aux acteurs». À l'inverse, Steve Achiepo a préféré de longs travellings pour magnifier les déplacements et les slaloms chorégraphiés. Quand on sait que les réalisateurs de France Télévisions peuvent aller jusqu'à 1304 plans par match, comment filmer ce sport d'équipe en moins de trente minutes ? Côté Mérignac, Nicolas Mesdom s'est laissé guider : « C'était plus les joueurs qui mettaient en scène les matchs que moi, c'est à dire qu'ils me reprenaient sur des termes techniques ou me proposaient d'accompagner les comédiens sur le terrain ». Côté Cergy, Steve Achiepo s'est immergé : « Vu de l'extérieur, on pourrait se dire, ''Comment les gérer ? C'est le bordel !'' Mon équipe technique s'est demandée ''Comment on va faire ? Ça va être dur, ça va être long !'' mais ils sont tombés amoureux d'eux ». Les joueurs seraient-ils plus simples à filmer que le foot lui-même ? « Entre les ralentis extrêmes et les pubs stylisées, ça devient compliqué de raconter quelque chose et que ce soit beau », souligne Steve Achiepo.
Matchs et échauffements, vestiaires et intérieurs d'appartement, les deux films oscillent entre le dedans et le dehors, comme leurs personnages : à l'intérieur, on s'interroge, à l'extérieur, on ne veut pas perdre la face. Et face à l'écran ? Les joueurs d'En équipe attendent de se voir au festival Cinébanlieue (un mini-bus sera affrété spécialement pour l'occasion). Ceux de La tête froide ont apprécié le film (certains songent à devenir acteurs) mais regrettent que leur match ait été coupé au montage. Forcément. Dans un cour(t)s de foot, on ne peut pas tout intégrer.
En équipe de Steve Achiepo France 2012 23 min, avec les joueurs du Football Club de Cergy-Pontoise (95), sera présenté le vendredi 16 novembre 2012 à 18h à la Cité du Cinéma de Saint-Denis (93)
La tête froide de Nicolas Mesdom France 2011 26 min avec Sébastien Houbani, Isaï Sultan et les joueurs du club SAM de Mérignac (33) sera projeté le samedi 17 novembre à 16h au Cinéma L'Écran de Saint-Denis (93)
Claire Diao, pour Tatane
Moins dans la Coupe du Monde que son prédécesseur, le chef opérateur Nicolas Mesdom, 28 ans, a lui aussi réalisé un court mélangeant sexualité et football, également présenté au Festival Cinébanlieue. Dans La tête froide, adapté de la nouvelle L'hôte secret de Joseph Conrad, un capitaine d'équipe (Sébastien Houbani, prix d'interprétation à Clermont-Ferrand et Cabourg 2012), ressent un certain trouble à l'arrivée d'un joueur concurrent (Isaï Sultan), ancien capitaine viré de Saint-Étienne. Tourné avec les aspirants Girondins du club SAM de Mérignac (33), La tête froide met en avant deux acteurs au sein d'une équipe déjà constituée « J'avais envie de parler de la façon dont on peut vivre la découverte de son homosexualité à travers le foot, explique Nicolas Mesdom. Il y a forcément une gêne qui s'installe parce que le rapport d'amitié virile est faussé ». Lui qui a vécu avec un « archi fan » de foot, cite aisément Pasolini ou Godard comme cinéastes marqués par le ballon rond. Et regrette que TV5 Monde Moyen-Orient n'ait pas programmé son film à cause d'un baiser : « Je ne voulais pas tomber dans l'écueil de la scène de douche du cinéma gay ».
Pour filmer les entraînements, Nicolas Mesdom a alterné plans fixes et caméras épaule pour mettre acteurs et joueurs sur un pied d'égalité : « Crier ''Action !'' gênait les joueurs alors on les laissait s'entraîner et on faisait signe aux acteurs». À l'inverse, Steve Achiepo a préféré de longs travellings pour magnifier les déplacements et les slaloms chorégraphiés. Quand on sait que les réalisateurs de France Télévisions peuvent aller jusqu'à 1304 plans par match, comment filmer ce sport d'équipe en moins de trente minutes ? Côté Mérignac, Nicolas Mesdom s'est laissé guider : « C'était plus les joueurs qui mettaient en scène les matchs que moi, c'est à dire qu'ils me reprenaient sur des termes techniques ou me proposaient d'accompagner les comédiens sur le terrain ». Côté Cergy, Steve Achiepo s'est immergé : « Vu de l'extérieur, on pourrait se dire, ''Comment les gérer ? C'est le bordel !'' Mon équipe technique s'est demandée ''Comment on va faire ? Ça va être dur, ça va être long !'' mais ils sont tombés amoureux d'eux ». Les joueurs seraient-ils plus simples à filmer que le foot lui-même ? « Entre les ralentis extrêmes et les pubs stylisées, ça devient compliqué de raconter quelque chose et que ce soit beau », souligne Steve Achiepo.
Matchs et échauffements, vestiaires et intérieurs d'appartement, les deux films oscillent entre le dedans et le dehors, comme leurs personnages : à l'intérieur, on s'interroge, à l'extérieur, on ne veut pas perdre la face. Et face à l'écran ? Les joueurs d'En équipe attendent de se voir au festival Cinébanlieue (un mini-bus sera affrété spécialement pour l'occasion). Ceux de La tête froide ont apprécié le film (certains songent à devenir acteurs) mais regrettent que leur match ait été coupé au montage. Forcément. Dans un cour(t)s de foot, on ne peut pas tout intégrer.
En équipe de Steve Achiepo France 2012 23 min, avec les joueurs du Football Club de Cergy-Pontoise (95), sera présenté le vendredi 16 novembre 2012 à 18h à la Cité du Cinéma de Saint-Denis (93)
La tête froide de Nicolas Mesdom France 2011 26 min avec Sébastien Houbani, Isaï Sultan et les joueurs du club SAM de Mérignac (33) sera projeté le samedi 17 novembre à 16h au Cinéma L'Écran de Saint-Denis (93)
Claire Diao, pour Tatane