« On m'apprend à tirer fort, alors que je rêve d'extérieurs du pied et de ballons piqués. L'image du foot aujourd'hui, c'est de la sueur et des muscles hypertrophiés par l'effort. Moi je rêve de légèreté, d'harmonie, de plaisir. Comme il existe une musicalité des vers, j'aimerais que le foot offre celle des gestes. Je suis à la recherche d'une symphonie. Mais la musique du football, de nos jours, c'est seulement du hard-rock.»
Eric Cantona dans une interview pour un journal de la région auxerroise.
Amis, innovons, soyons férocement audacieux.
Pour former des joueurs il y a deux voies majeures :
⁃ La Voie « Claude Puel » : la force, la volonté, la puissance, « philosophie » militaire et guerrière de la performance physique, pensée industrielle de la production de masse et capitaliste de l'efficacité dénuée de toute considération du bon et du beau jeu.
⁃ La Voie « Garrincha » : le plaisir, le jeu, l'intelligence, la découverte, l'inconnu, le frisson.
⁃ Ces deux voies peuvent évidemment se combiner.
⁃ Plaisir de gagner.
⁃ Frisson de la performance.
⁃ Jouissance de la victoire
« Plus on développe tôt la compréhension et l'intelligence de jeu, plus on fera progresser les gens. En bref, ces derniers temps dans les centres de formation, de pré-formation et dans les sélections, on a eu tendance à privilégier les aspects athlétiques et morphologiques par rapport à l'aspect technique. Il faut désormais se pencher sur d'autres critères un peu oubliés, et se pencher sur l'état d'esprit. »
Laurent Blanc, interview à « L'Equipe ».
Aux centres de formation de former des hommes.
Des joueurs, oui, mais des hommes joueurs ! Les centres de formation doivent offrir de la diversité, multiplier les possibilités les plus folles et improbables :
⁃ Cours de danse expressionniste, voir des pièces de danse de Pina Bausch ou Sidi Larbi Cherkaoui.
⁃ Cours de peinture « Si le pinceau était un pied, la gouache une émotion et la toile un spectateur? »
⁃ Ateliers d'écriture, « A quel poste aurait-joué Arthur Rimbaud? »
⁃ Créations de pièces de théâtre « L'Autogestion des poussins Metzins 76 », « Panique au Stade Yves du Manoir, qui a volé les chasubles noires ? »,
⁃ Et bien évidemment, et principalement, des créations ne pouvant avoir aucun rapport avec le football.
Les Centres de formation doivent nouer des liens avec les partenaires locaux afin que puisse s'enrichir le rapport au monde des joueurs et surtout des enfants, futurs citoyens, qu'ils prennent en charge, les ancrer dans un réseau social riche et varié au lieu de les enfermer et de les isoler, ouvrir leurs possibilités. Certains centres de formation font étudier leurs joueurs dans des écoles extérieures à leurs centres, cela ne doit pas suffire. Il faut ouvrir les portes et les imaginaires des jeunes joueurs de football. Leur donner la possibilité d'un surcroît de vie et de variations :
⁃ Pass UGC illimité ;
⁃ Abonnement salles de spectacles ;
⁃ Réductions à la FNAC ;
⁃ Cours de musique tous instruments ;
⁃ Partenariats avec Conservatoire local ( musique, théâtre, danse).
Lorsque j'étais au MHSC, le centre de formation se situait juste en face d'un Centre Dramatique National, le Théâtre des Treize Vents, nous n'y avons pas mis un seul pied, aucun partenariat ou échange organisé, aucune sortie proposée, alors que le soir nous nous emmerdions enfermés dans le centre, il y avait aussi le Zénith de Montpellier à 200 mètres, idem. Rien. Néant. Et même plus, interdiction de sortir pour s'y rendre. Idiotie. Cloisonnement. J'ai illégalement vu Noir Désir, cela a scellé mon envie de quitter ce bateau sans voyages.
Il est aussi important que tous ces partenariats culturels ne soient pas des nécessités mais des possibilités offertes, des voies de désencastration permettant au football de respirer d'un autre souffle, de sentir l'art, la philosophie, la culture inhérents au football lui-même, car le football est artistique, philosophique et culturel tout autant que sportif. Nous ne donnons pas dans le pédantisme artistique en considérant que le théâtre, la danse, la musique, la littérature sont essentiels pour être quelqu'un de bien, ils sont des possibilités de respiration et d'ouverture, d 'évasion et d'épanouissement pour un monde footballistique trop souvent renfermé sur lui-même, asphyxiant.
La formation des entraîneurs responsables des enfants doit aussi être remise en question, elle est beaucoup trop négligée, mauvaise et bornée :
⁃ Etude des pédagogies nouvelles, enseignements alternatifs : Montessori, Freinet, Steiner, A.S. Neill, Firmin Bouglione (dressage des fauves), etc.
⁃ Réfléchir à comment appliquer ces méthodes au football .
⁃ Impliquer les entraîneurs dans des ateliers de théâtre, d'écriture et de danse au même niveau que les joueurs.
Car il est important d'abolir l'arriéré et rigide rapport d'autorité qui lie l'entraîneur aux joueurs qu'il soumet par ses directions et exercices. Un dialogue libre et insolent doit pouvoir s'établir entre eux. L'entraîneur doit encourager ses joueurs à s'exprimer, les pousser à faire part de leurs pensées à l'égard du jeu de l'équipe, et l'entraîneur, de par son expérience, les orienter. Qu'il ne se place pas au dessus d'eux, mais, que tendus vers le même but, ils fassent route ensemble et tentent de déjouer les embûches qui émailleront leur traversée, le jeune joueur sans expérience pouvant à tout moment ouvrir des brèches improbables auxquelles l'entraîneur n'avait jamais pensé. Un grand entraîneur récemment déchu, lors d'une Tatane Party, dit qu'il n'avait pas attendu Tatane pour avoir leurs idées. Ce qui médiatiquement et sur le terrain était donné à voir en était pourtant loin. De l'idée à la pratique, il y a des gouffres et des passerelles trouées. Tatane prend l'avion, l'hélicoptère, surfe et plonge. Si Tatane tombe, Tatane tombe. Et se relève en chantant la Marseillaise le cur sur la main, non pas parce qu'il aime la France, non, Tatane aime la vibration d'un Garrincha, la piraterie d'un Ballotelli, l'insolence d'un Cantona, non, si Tatane un jour se lève et chante la Marseillaise c'est bien parce que, tout jeune en 93, il a vu France-Bulgarie et a pleuré avec Didier Deschamps, il a vibré, vécu cette tragédie, beauté des matinées orageuses et des pluies battantes, Tatane ne chante pas par respect mais bien parce qu'il aime, parce qu'il tremble, parce qu'il est ému, par plaisir.
Les trous dans les chaussures Tatane sont autant d'aspirations à un football ouvert, qui se ventile et ne succombe pas à la moite entropie d'un football protectionniste, industriel et fade. Du cousu main et des trous, des dérapages et des chutes, du risque et du jeu, bordel!
Par Mathieu Gabard
Eric Cantona dans une interview pour un journal de la région auxerroise.
Amis, innovons, soyons férocement audacieux.
Pour former des joueurs il y a deux voies majeures :
⁃ La Voie « Claude Puel » : la force, la volonté, la puissance, « philosophie » militaire et guerrière de la performance physique, pensée industrielle de la production de masse et capitaliste de l'efficacité dénuée de toute considération du bon et du beau jeu.
⁃ La Voie « Garrincha » : le plaisir, le jeu, l'intelligence, la découverte, l'inconnu, le frisson.
⁃ Ces deux voies peuvent évidemment se combiner.
⁃ Plaisir de gagner.
⁃ Frisson de la performance.
⁃ Jouissance de la victoire
« Plus on développe tôt la compréhension et l'intelligence de jeu, plus on fera progresser les gens. En bref, ces derniers temps dans les centres de formation, de pré-formation et dans les sélections, on a eu tendance à privilégier les aspects athlétiques et morphologiques par rapport à l'aspect technique. Il faut désormais se pencher sur d'autres critères un peu oubliés, et se pencher sur l'état d'esprit. »
Laurent Blanc, interview à « L'Equipe ».
Aux centres de formation de former des hommes.
Des joueurs, oui, mais des hommes joueurs ! Les centres de formation doivent offrir de la diversité, multiplier les possibilités les plus folles et improbables :
⁃ Cours de danse expressionniste, voir des pièces de danse de Pina Bausch ou Sidi Larbi Cherkaoui.
⁃ Cours de peinture « Si le pinceau était un pied, la gouache une émotion et la toile un spectateur? »
⁃ Ateliers d'écriture, « A quel poste aurait-joué Arthur Rimbaud? »
⁃ Créations de pièces de théâtre « L'Autogestion des poussins Metzins 76 », « Panique au Stade Yves du Manoir, qui a volé les chasubles noires ? »,
⁃ Et bien évidemment, et principalement, des créations ne pouvant avoir aucun rapport avec le football.
Les Centres de formation doivent nouer des liens avec les partenaires locaux afin que puisse s'enrichir le rapport au monde des joueurs et surtout des enfants, futurs citoyens, qu'ils prennent en charge, les ancrer dans un réseau social riche et varié au lieu de les enfermer et de les isoler, ouvrir leurs possibilités. Certains centres de formation font étudier leurs joueurs dans des écoles extérieures à leurs centres, cela ne doit pas suffire. Il faut ouvrir les portes et les imaginaires des jeunes joueurs de football. Leur donner la possibilité d'un surcroît de vie et de variations :
⁃ Pass UGC illimité ;
⁃ Abonnement salles de spectacles ;
⁃ Réductions à la FNAC ;
⁃ Cours de musique tous instruments ;
⁃ Partenariats avec Conservatoire local ( musique, théâtre, danse).
Lorsque j'étais au MHSC, le centre de formation se situait juste en face d'un Centre Dramatique National, le Théâtre des Treize Vents, nous n'y avons pas mis un seul pied, aucun partenariat ou échange organisé, aucune sortie proposée, alors que le soir nous nous emmerdions enfermés dans le centre, il y avait aussi le Zénith de Montpellier à 200 mètres, idem. Rien. Néant. Et même plus, interdiction de sortir pour s'y rendre. Idiotie. Cloisonnement. J'ai illégalement vu Noir Désir, cela a scellé mon envie de quitter ce bateau sans voyages.
Il est aussi important que tous ces partenariats culturels ne soient pas des nécessités mais des possibilités offertes, des voies de désencastration permettant au football de respirer d'un autre souffle, de sentir l'art, la philosophie, la culture inhérents au football lui-même, car le football est artistique, philosophique et culturel tout autant que sportif. Nous ne donnons pas dans le pédantisme artistique en considérant que le théâtre, la danse, la musique, la littérature sont essentiels pour être quelqu'un de bien, ils sont des possibilités de respiration et d'ouverture, d 'évasion et d'épanouissement pour un monde footballistique trop souvent renfermé sur lui-même, asphyxiant.
La formation des entraîneurs responsables des enfants doit aussi être remise en question, elle est beaucoup trop négligée, mauvaise et bornée :
⁃ Etude des pédagogies nouvelles, enseignements alternatifs : Montessori, Freinet, Steiner, A.S. Neill, Firmin Bouglione (dressage des fauves), etc.
⁃ Réfléchir à comment appliquer ces méthodes au football .
⁃ Impliquer les entraîneurs dans des ateliers de théâtre, d'écriture et de danse au même niveau que les joueurs.
Car il est important d'abolir l'arriéré et rigide rapport d'autorité qui lie l'entraîneur aux joueurs qu'il soumet par ses directions et exercices. Un dialogue libre et insolent doit pouvoir s'établir entre eux. L'entraîneur doit encourager ses joueurs à s'exprimer, les pousser à faire part de leurs pensées à l'égard du jeu de l'équipe, et l'entraîneur, de par son expérience, les orienter. Qu'il ne se place pas au dessus d'eux, mais, que tendus vers le même but, ils fassent route ensemble et tentent de déjouer les embûches qui émailleront leur traversée, le jeune joueur sans expérience pouvant à tout moment ouvrir des brèches improbables auxquelles l'entraîneur n'avait jamais pensé. Un grand entraîneur récemment déchu, lors d'une Tatane Party, dit qu'il n'avait pas attendu Tatane pour avoir leurs idées. Ce qui médiatiquement et sur le terrain était donné à voir en était pourtant loin. De l'idée à la pratique, il y a des gouffres et des passerelles trouées. Tatane prend l'avion, l'hélicoptère, surfe et plonge. Si Tatane tombe, Tatane tombe. Et se relève en chantant la Marseillaise le cur sur la main, non pas parce qu'il aime la France, non, Tatane aime la vibration d'un Garrincha, la piraterie d'un Ballotelli, l'insolence d'un Cantona, non, si Tatane un jour se lève et chante la Marseillaise c'est bien parce que, tout jeune en 93, il a vu France-Bulgarie et a pleuré avec Didier Deschamps, il a vibré, vécu cette tragédie, beauté des matinées orageuses et des pluies battantes, Tatane ne chante pas par respect mais bien parce qu'il aime, parce qu'il tremble, parce qu'il est ému, par plaisir.
Les trous dans les chaussures Tatane sont autant d'aspirations à un football ouvert, qui se ventile et ne succombe pas à la moite entropie d'un football protectionniste, industriel et fade. Du cousu main et des trous, des dérapages et des chutes, du risque et du jeu, bordel!
Par Mathieu Gabard